(11 juin 2025) - En 2016, lorsque Mitchell Slobodian a quitté Ottawa, sa ville natale, il avait à cœur quelque chose de « différent », un milieu où il pourrait donner libre cours à sa passion pour les sciences et continuer à participer à des compétitions en ski de fond de haut niveau. Ce milieu, il l’a trouvé à l’Université Laurentienne, attiré par son solide programme de biochimie et son campus niché à côté d’une vaste zone de protection de l’environnement, un duo rare. « Je voulais tenter quelque chose de nouveau, fréquenter un établissement de taille restreinte où je pourrais faire de nouvelles connaissances, bénéficier d’un excellent enseignement et skier tous les jours, dit-il, et la Laurentienne était le choix idéal. »
En 2020, il a entrepris des études dans le cadre du baccalauréat ès sciences, mais cela s’est vite mué en quelque chose de plus ambitieux. Dès les premiers jours sur le campus, un milieu universitaire très soudé, caractérisé par des classes à effectifs restreints, il s’est épanoui en tissant des relations fructueuses avec ses professeurs, ses pairs et le personnel de laboratoire, lesquelles l’ont vu mettre à son avantage une expérience pratique qu’il qualifie d’« incroyable ». « Dès la deuxième année, je faisais un travail vraiment passionnant, mes professeurs connaissaient mon nom, et c’est là un aspect que j’ai toujours valorisé. »
Mitchell Slobodian a fait des travaux de laboratoire importants au début de ses études de premier cycle et en a tiré une expérience déterminante dans sa recherche d’un emploi. En effet, dès sa deuxième année, il a été embauché à titre d’auxiliaire en enseignement dans le laboratoire où il a prêté main-forte tout au long de ses études de premier cycle à d’autres étudiants en laboratoire de chimie de la Laurentienne. Entre sa deuxième et sa troisième année d’études, il a décroché un poste de chercheur à l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa, lequel l’a vu collaborer à des publications et perfectionner ses compétences. L’été suivant, alors microbiologiste analyste au Centre environnemental Robert-O.-Pickard, il a su affiner les compétences techniques qui conditionneraient plus tard ses études supérieures. Ces rôles ont servi de tremplin à sa passion pour la recherche et l’ont préparé à relever d’autres défis universitaires de grande envergure.
Ces défis ont vu le jour en 2020 lorsque la pandémie battait son plein et qu’il entamait une maîtrise en sciences chimiques sous la direction de Thomas Merritt (Ph.D.) professeur titulaire à l’École des sciences naturelles. « Le Pr Merritt est un chercheur et communicateur scientifique phénoménal. Il m’a appris à réfléchir et à communiquer, en abordant des idées complexes avec clarté et en mettant l’accent sur ce qui est vraiment important lorsqu’on explique ses travaux de recherche. C’est à coup sûr l’une des choses les plus importantes que j’ai apprises. »
Pour ses travaux de thèse, il s’est intéressé à la question de savoir comment le sexe et le bagage génétique influent sur la réaction des mouches des fruits à des métaux toxiques comme le cuivre et le nickel. « Le nickel est très peu étudié comparé à d’autres métaux toxiques comme le cadmium, le plomb et le mercure. Mais les deux présentent un intérêt pour notre collectivité, étant donné le niveau de toxicité de ces éléments dans certains lacs et bassins de décantation de la région de Sudbury. » Fait notable, comme le souligne le chercheur, il est très peu probable que les membres de la population soient exposés à ces éléments dans leur vie quotidienne, mais cette recherche est importante et nous aide à mieux comprendre les incidences pour les personnes qui y sont aujourd’hui exposées dans le monde entier, ainsi que pour la faune et la flore des environnements contaminés.
En dehors du laboratoire, Mitchell Slobodian était aussi un athlète dévoué et un compétiteur au sein de l’équipe de ski nordique interuniversitaire de la Laurentienne et se rappelle les six années de son parcours au premier cycle et à la maîtrise. « Je vivais dans la Résidence Thorneloe et pouvais littéralement dévaler les pistes de ski en sortant de chez moi. C’était vraiment merveilleux. Un tel accès au plein air est l’un des meilleurs atouts du campus de la Laurentienne. Je le dis toujours aux nouveaux étudiants : profitez-en. Aucune autre université de la province n’offre une telle possibilité. »
Au sortir de sa maîtrise, il a pris une pause de deux ans de ses études, sans pour autant abandonner le laboratoire. Il s’est joint au Département de chimie de la Laurentienne, en tant que technologue de laboratoire à plein temps, rôle qui l’a vu superviser les laboratoires d’enseignement et collaborer à l’apprentissage des étudiants de premier cycle. « Comme j’ai été auxiliaire à l’enseignement dès ma deuxième année, devenir technologue m’a semblé être une progression naturelle. J’adore enseigner. Et pour être franc, les laboratoires de chimie de l’UL sont parmi les meilleurs de la province. C’est grâce à l’expérience acquise dans ces laboratoires que j’ai pu décrocher des emplois, bénéficier de subventions et continuer à progresser. »
Cette expérience pratique lui a ouvert une nouvelle porte : BioMine Ltd., une jeune entreprise locale de biotechnologie, cofondée par Vasu Appanna (Ph.D.), professeur titulaire à l’École des sciences naturelles et ex-doyen de la Faculté des sciences et de génie. Sujeenthar Tharmalingam (Ph.D., Université de l’EMNO) est également collaborateur chez BioMine Ltd., dans le cadre de nombreux projets de technologies durables et vertes; son champ d’expertise comprend la biologie moléculaire, la microbiologie et l’édition de gènes. Cela n’a pas pris de temps pour que Mitchell Slobodian soit invité à préparer un doctorat sous leur supervision conjointe, une invitation à laquelle il n’a pas pu résister.
Aujourd’hui, le doctorant en sciences biomoléculaires se concentre sur la remédiation plastique par bactéries, une initiative ambitieuse et innovatrice visant à lutter contre la pollution plastique mondiale. S’appuyant sur un consortium de bactéries dévoreuses de plastiques, ses travaux tentent de décomposer les plastiques, comme le polyéthylène téréphtalate (PET), en sous-unités, de les faire métaboliser et, dans la foulée, de générer des sous-produits nobles pouvant être réutilisés dans diverses industries. « Nos systèmes de recyclage actuels ne sont pas à la hauteur, dit-il. L’idée maîtresse de mes travaux est de se servir de bactéries pour les dégrader et en tirer profit. La solution envisagée n’est donc pas seulement durable sur le plan environnemental, elle est aussi viable sur le plan économique. »
L’un des principaux microbes expérimentés est une bactérie terricole connue pour ses propriétés bioremédiatrices naturelles. « Il est non toxique, se trouve sur les racines des plantes, et peut, comme nous l’avons démontré, métaboliser les composants du PET. Lorsque nous le nourrissons d’une bonne variété de sous-unités de plastiques, sa croissance s’en trouve améliorée. Fait intéressant, certains de ses sous-produits peuvent entrer dans la composition de produits pharmaceutiques, de photographies et même de nouvelles matières plastiques. »
Travaillant dans deux laboratoires, l’un à l’Université Laurentienne, l’autre à l’Université de l’EMNO, Mitchell Slobodian poursuit la mise en pratique de la formation scientifique et des compétences en communication acquises au cours des dix dernières années sur le campus. Il se prépare actuellement à présenter ses travaux lors de la 20e conférence annuelle sur la recherche en santé dans le Nord (en anglais), les 16 et 17 juin 2025, qui est organisée par l’Université de l’EMNO. Il a par ailleurs entrepris de publier les résultats de sa recherche de maîtrise menée en collaboration avec le professeur Merritt.
Avec du recul, son parcours à la Laurentienne atteste de ce qui se produit lorsque la curiosité et la possibilité font bon ménage, lorsqu’un étudiant trouve non seulement un programme, mais aussi un milieu où il peut s’épanouir. Des laboratoires de premier cycle à la recherche doctorale pionnière, des pistes de ski à l’enseignement, Mitchell Slobodian a su se forger un chemin caractérisé par la persévérance, l’ambition et un attachement profond à la communauté qui l’a aidé à se former