« Le bâton à exploits est appelé « akihewin » et parfois « kihewin », explique M. Dominic Beaudry. De nos jours, cela signifie « drapeau », mais autrefois, les chefs le plantaient en guise de démarcation territoriale et l’apportaient lors des cérémonies, des célébrations et des visites d’autres territoires. Le bâton à exploits raconte une histoire de relations, à savoir nos liens avec la terre et les uns avec les autres. Il authentifie la cérémonie à la manière des Anishinaabe et porte un sens aux yeux des diplômés, de leurs parents et de leur famille. »
Le parcours qui l’a vu venir à la Laurentienne a commencé lorsque le Conseil de l’Université Laurentienne pour la formation des autochtones (CULFA) a pris conscience de la valeur ajoutée que revêtent les traditions autochtones dans le contexte des cérémonies protocolaires. Cette vision s’est concrétisée grâce à la collaboration du chef des Atikameksheng Anishnawbek et de son conseil, qui ont approuvé la création du bâton à exploits.
« Le bâton à exploits incarne le respect des terres ancestrales du peuple Atikameksheng Anishnawbek, déclare le vice-recteur associé à l’enseignement et aux programmes autochtones, M. Dominic Beaudry, et traduit bien le respect mutuel qui existe entre leur collectivité et la communauté de la Laurentienne. »
Le désir d’affirmer le patrimoine des Atikameksheng Anishnawbek, dont le territoire ancestral accueille la Laurentienne, ainsi que les conseils des aînés et des membres de la population, a joué un rôle clé dans la création du bâton à exploits. « Ce n’est pas seulement un symbole, dit M. Beaudry. Il constitue un lien essentiel avec la terre, le peuple et le Créateur. Il incarne les prières, les aspirations et les réalisations de notre population. »
Comme le veut le protocole Anishnaabe, le Conseil de bande des Atikameksheng Anishnawbek sera représenté aux cérémonies de remise des diplômes en la personne du porteur du bâton à exploits comme cela a été le cas cet automne par Cheryl Miller Martin. En prélude à la cérémonie, le bâton à exploits a été fêté et, pendant la cérémonie, Hailey Sutherland, Shkaabewis par intérim (coordonnatrice de la mobilisation des étudiants et des communautés autochtones auprès du Centre autochtone de partage et d’apprentissage), a interprété un chant d’honneur.
« J’ai chanté la chanson de la tortue (Miikinak) en l’honneur des diplômés et du bâton à exploits, dit-elle. Cette chanson évoque l’histoire de l’aigle qui survole l’île de la Tortue à la recherche des Anishinaabek. En cela, cette chanson met en évidence les liens profonds entre les Anishinaabek, leur terre et leurs traditions ancestrales, où le bâton à exploits joue un rôle important. »
La présence du bâton à exploits marque une nouvelle étape dans les efforts que déploie la Laurentienne, sous la direction du Groupe de travail sur la vérité et la réconciliation, pour autochtoniser les espaces et les cérémonies de l’Université. À ce titre, la Laurentienne a récemment incorporé l’anishinaabemowin dans la signalisation du campus, accueilli le Forum national sur la réconciliation, créé des espaces dédiés comme le bureau qui abrite l’Institut de recherche autochtone Maamwizing et inauguré une fresque vivante de l’artiste autochtone Leland Bell.
Symbole vivant, le bâton à exploits prendra de l’ampleur au fil du temps. « Pour le moment, il n’y a qu’une seule plume d’aigle, mais, au fil des cérémonies, d’autres plumes y seront ajoutées, indique M. Beaudry. À terme, le bâton sera orné de sept plumes évoquant les sept enseignements ancestraux. »
Le bâton à exploits, l’œuvre de l’aîné Lorney Bob et de John Condo, membre de la communauté Atikameksheng, est fait de matériaux traditionnels comme le saule diamanté, le cuivre et les pierres de grand-père.
Déjà investi dans son rôle cérémoniel en ayant figuré à la cérémonie de remise des diplômes, le bâton à exploits a également pris sa place à divers événements comme la Conférence sur la recherche autochtone Maamwizing et la cérémonie du feu sacré. Le coordonnateur de la vérité et de la réconciliation au Bureau de l’enseignement et des programmes autochtones, M. Jason Nakogee, en est le gardien et est chargé de le fêter et de l’apporter aux cérémonies.
En étant intégré aux cérémonies protocolaires de la Laurentienne, le bâton à exploits nous rappelle avec force tant la relation que l’Université entretient avec les peuples autochtones que son engagement résolu, voire constant, à promouvoir le respect, l’inclusion et la reconnaissance du patrimoine culturel.