(16 juin 2026) - Le 11 juin 2025, en soirée, l’École de service social, de l’Université Laurentienne, en collaboration avec Black Lives Matter Sudbury (BLMS), a tenu la Conférence commémorative Jennifer-Keck sur la justice sociale. Le thème de la conférence, « Abolition As Care: Reimagining Justice, Liberation, and Mutual Aid » mettait en vedette Robyn Maynard, une auteure, chercheuse et militante de renom dont les écrits sur les frontières, le maintien de l’ordre, l’abolition et le féminisme noir sont grandement enseignés dans les universités au Canada, aux États-Unis et en Europe.
Mme Maynard, qui est également auteure de Policing Black Lives: State Violence in Canada from Slavery to the Present, un ouvrage primé, et coauteure de Rehearsals for Living, s’est attaquée avec énergie à l’injustice systémique et aux possibilités d’un avenir abolitionniste ancrées dans le soin, la sécurité et la responsabilisation de la communauté. S’appuyant sur ses recherches poussées et son vécu, elle a incité l’assistance à examiner d’un œil critique les structures de la violence étatique et à imaginer des solutions de rechange transformatrices.
« Robyn Maynard est une grande figure des mouvements militants noirs, a déclaré Ra’anaa Ekundayo, cofondatrice de BLMS. On ne peut absolument pas parler d’abolition ou de libération des Noirs sans aborder son travail, qui est intense et édifiant. Par l’entremise de moyens accessibles, elle nous rappelle que l’abolition ne consiste pas seulement à démanteler des systèmes. Elle consiste aussi à engendrer un état d’esprit, un mode de vie, une communauté, l’inclusivité. »
« Nous sommes très reconnaissants de la présence de Robyn au sein de notre communauté, a indiqué la professeure agrégée à l’École de service social, Tanya Shute, Ph.D. Son travail incarne le genre de dialogue critique, soucieux de la justice, que la Conférence commémorative Jennifer-Keck désire encourager. C’était émouvant de voir des étudiants, des professeurs et des membres de la communauté se réunir pour réfléchir à ce que pourraient représenter pour nous tous des avenirs abolitionnistes. Nous sommes aussi fiers d’avoir collaboré avec BLMS pour tenir cette conférence opportune. Sa réussite, notamment les échanges auxquels elle a donné lieu n’auraient pas été possibles sans le leadership, la vision et les compétences de ce groupe. »
Instaurée en 2004, la série de conférences commémoratives Jennifer-Keck rend hommage à la défunte Jennifer Keck, professeure agrégée à l’École de service social de l’Université Laurentienne. Féministe affirmée, militante et pédagogue motivante, Mme Keck, qui avait également de longs antécédents en activisme social, nous a légué un travail d’une portée considérable qui a fait progresser les luttes en faveur de la justice sociale.
En réponse à la résurgence du mouvement BLMS et à l’appel grandissant de réimaginer les systèmes de soins et de responsabilité, un certain nombre de professeurs de l’École de service social ont modifié quelque peu le contenu de leur enseignement. Les changements apportés reflètent un mouvement plus vaste au sein de la profession, l’accent étant mis explicitement sur les pratiques antiracistes, anti-carcérales et décolonisatrices.
« Sous l’impulsion du mouvement Black Lives Matter et d’universitaires militants comme Robyn Maynard, les écoles de service social accordent de plus en plus d’importance à la littérature scientifique croissante sur le travail social anti-carcéral et l’entraide, a indiqué la professeure agrégée à l’École de service social, Mme Elizabeth Carlson-Manathara, Ph.D. À titre de travailleurs sociaux, nous reconnaissons que nos efforts n’ont pas toujours été libératoires et devons en assumer la responsabilité. Nous devons nous demander comment exercer notre profession tout en gardant à l’esprit la justice sociale. Les communautés ont toujours pu prendre soin les unes des autres, et Robyn nous l’a rappelé en termes frappants. »
La conférence de Mme Maynard rappelle avec pertinence le potentiel transformateur de l’enseignement lorsqu’il est axé sur l’expérience vécue, remet en question les préjudices systémiques et amplifie les connaissances que possèdent les communautés elles-mêmes.
Pour les membres du BLMS, cette conférence était à la fois une célébration et un moment de fière réflexion sur l’incidence transformatrice qu’ils ont eue dans le Grand Sudbury depuis sa fondation en 2020. Le travail du groupe a fortement contribué à faire progresser la justice sociale et à amplifier la voix de personnes trop souvent marginalisées ou injustement réduites au silence.
La traduction française simultanée et l’interprétation en ASL de la conférence étaient assurées.
Détails biographiques supplémentaires sur Robyn Maynard
Mme Robyn Maynard est professeure adjointe au Département d’études historiques et culturelles de l’Université de Toronto-Scarborough, où elle est spécialiste des féminismes noirs au Canada. Elle bénéficie également d’une nomination auprès du programme des cycles supérieurs du Women and Gender Studies Institute (campus St. George).
Les écrits de Robyn Maynard sur les frontières, le maintien de l’ordre, l’abolition et le féminisme noir sont largement enseignés dans les universités du Canada, des États-Unis et de l’Europe. Mme Maynard est l’auteure de deux livres, chacun publié en français et en anglais. Policing Black Lives: State Violence in Canada from Slavery to the Present (Fernwood, 2017) est un succès de librairie national, désigné comme l’un des « 100 meilleurs livres de 2017 » par le Hill Times, figurant parmi les « meilleurs livres de 2018 » de The Walrus, finaliste pour un Atlantic Book Award, le Concordia University First Book Prize et le Mavis Gallant Prize for Non-fiction, et lauréat du Errol Sharpe Book Prize 2017. En 2018, le livre a été publié en français chez Mémoire d’encrier sous le titre NoirEs sous surveillance. Esclavage, répression et violence d’État au Canada, et a remporté le Prix des libraires 2019 dans la catégorie « essais ».
Rehearsals for Living (Knopt/Haymarket, 2022), corédigé avec Leanne Betasamosake Simpson, est un succès de librairie national reconnu par le Toronto Star, le Globe and Mail et la CBC et finaliste pour le Prix du Gouverneur général dans la catégorie d’essais littéraires. Fruit d’une collaboration inédite entre deux penseuses et défenseuses influentes, ce livre a été traduit en français en 2024 sous le titre Chorégraphies pour le vivant. Il s’appuie sur des lettres écrites entre les deux auteures pendant le confinement lié à la COVID-19 et articule les perspectives noires et autochtones sur l’esclavage, la colonisation, la co-résistance et une nouvelle voie à suivre. Mme Maynard a également reçu le prix d’Auteure de l’année 2018 lors du Mois de l’histoire des Noirs de Montréal et le Writers’ Trust Dayne Ogilvie Prize pour les écrivains émergents de la communauté LGBTQO.