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La végétation fait-elle dévier les rivières?

Une étude menée par un professeur de l’Université Laurentienne met en lumière la stabilité des chenaux de rivière avec et sans végétation riveraine.

(25 janvier, 2022) - M. Alessandro Ielpi (Ph.D.), professeur agrégé de sédimentologie au Centre pour la vitalité des lacs Vale et à l’École des sciences de la Terre Harquail de la Laurentienne, a récemment publié sous la rubrique « Earth and Environment » de Nature Reviews une étude, développée en collaboration avec MM. Mathieu G. A. Lapôtre (Ph.D.) et C. Kevin Boyce (Ph.D.) de l’Université Stanford, et Martin R. Gibling (Ph.D.) de l’Université Dalhousie, jetant un nouveau regard sur le rôle de la végétation dans la configuration des chenaux de rivière.

L’étude examine en détail les rivières à méandres, un type de rivière caractérisé par des virages sinueux qui se déploient souvent dans des plaines fertiles presque plates et riches en végétation. Ces plaines ont, pendant des siècles, constitué des sites propices à l’établissement humain si bien que l’histoire de la civilisation humaine et celle des rivières à méandres sont intimement liées. Mais une question persiste : comment la végétation des berges aide-t-elle les rivières à dévier? Cette question souvent débattue a des incidences importantes pour le contrôle des inondations et la gestion des rivières dans un contexte de changement climatique.

Pour comprendre comment la végétation - ou son absence - agit sur la forme des chenaux de rivière, M. Ielpi et ses collègues ont parcouru en canoë des bassins versants à végétation dense, traversé à pied des déserts arides à la recherche de cours d’eau éphémères d’un autre monde et même scruté la surface d’autres planètes comme Mars, où les dépôts de méandres vieux de plusieurs milliards d’années sont visibles à travers sa fine atmosphère. Leurs résultats démontrent que, bien que les méandres fluviaux puissent se former sans végétation, celle-ci renforce les berges du chenal, modulant les crues et freinant l’érosion.

« Ces résultats nous permettent de porter non seulement un regard neuf sur l’histoire de la Terre, a indiqué M. Ielpi, mais aussi de prédire le comportement des rivières dans un avenir proche si la végétation se trouve toujours éliminée des bassins versants par des incendies de forêt, l’exploitation intensive du bois ou l’urbanisation. » D’autre part, les résultats contribuent à la compréhension opportune et nécessaire de la façon dont les changements dans notre écosystème, influencés par des facteurs comme le climat, ont des effets environnementaux et sociaux généralisés. Plus particulièrement, à la lumière des récents résultats de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP26), la recherche sur l’environnement et la durabilité de celui-ci présentent une immense valeur pour les personnes, les lieux et les ressources.

 « Cette étude souligne la pertinence scientifique, sociale et environnementale de l’étude des sciences de la Terre à l’échelle planétaire et interplanétaire, a déclaré le directeur de l’École des sciences de la Terre Harquail, M. Douglas Tinkham (Ph.D.). En publiant des travaux qui aideront les scientifiques et les pouvoirs publics à mieux comprendre et prévoir le comportement des rivières, les auteurs, par leurs apports précieux, pourraient contribuer à prévenir ou à atténuer les dommages causés par les inondations. »

« Cet article de M. Ielpi et de ses collègues souligne l’importance des collaborations internationales dans les découvertes scientifiques qui mettent en évidence le pouvoir de guérison de la nature, a indiqué la vice-rectrice à la recherche de l’UL, Mme. Tammy Eger (Ph.D). Nous le félicitons de ce travail et de sa détermination à établir des équipes nationales et internationales d’étudiants des cycles supérieurs et de chercheurs qui apportent des réponses à des questions vitales et aident ainsi la société mondiale à aborder des sujets liés au changement climatique. »