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Peut-on le consommer sans danger? Selon l’étude, les communautés autochtones sont exposées aux contaminants présents dans le poisson de subsistance.

Peut-on le consommer sans danger? Selon l’étude, les communautés autochtones sont exposées aux contaminants présents dans le poisson de subsistance.

Membre de la Première Nation Wahnapitae et étudiante aux cycles supérieurs à la Laurentienne, Taylor Nicholls poursuit des études en aquaculture

(10 janvier 2023) - Dans le monde entier, la pêche est une activité appréciée. Elle constitue également un sport excitant offrant la possibilité de profiter de la nature, de se déstresser et de passer de bons moments entre amis ou en famille. Mais les poissons pêchés sont-ils propres à la consommation? Une étude aquacole sur les contaminants dans le poisson de subsistance propose de répondre à cette question et, en particulier, d’éclairer les communautés autochtones.

L’automne dernier, Taylor Nicholls, membre de la Première Nation Wahnapitae, a entrepris à l’Université Laurentienne sa maîtrise en sciences, spécialisée en biologie, grâce à une bourse d’études récente de la Kurt Grinnell Aquaculture Scholarship Foundation (KGASF), la toute première en aquaculture. Honorant l’héritage de feu Kurt Grinnell, un leader amérindien de la tribu Jamestown S. Klallam dans l’État de Washington, qui voyait dans l’aquaculture un facteur de sécurité alimentaire au sein des tribus, la KGASF apporte une aide financière aux étudiants, issus des tribus et des Premières Nations, qui souhaitent faire carrière dans l’aquaculture et les ressources naturelles.

À la sortie de la Lockerby Composite School de Sudbury (2016), Taylor Nicholls, qui s’intéressait à la biologie marine, en a fait une véritable passion lorsqu’elle s’est inscrite à l’Université Dalhousie d’où elle est sortie titulaire d’un baccalauréat ès sciences, biologie marine et chimie (2021).

Fraîchement diplômée du premier cycle, Taylor n’avait alors aucune intention d’entreprendre des études supérieures. Elle n’a toutefois pu s’empêcher de participer à un projet de recherche financé dans le cadre du Programme de lutte contre les contaminants de l’environnement chez les Premières Nations, auquel participent la Laurentienne, l’Université de Waterloo, la Wildlife Conservation Society Canada et sa communauté, la Première Nation Wahnapitae, lorsque celui-ci a été porté à son attention. « Cette étude, qui s’inscrit dans la perspective de ma thèse, consiste à examiner les poissons de notre territoire, analyse qui peut établir une base de référence en vue de projets. J’aime le fait que ce projet de recherche s’intéresse à la fois à notre culture autochtone et aux sciences marines. Je veux mettre à contribution mon diplôme et les travaux de recherche que je mène en tant qu’étudiante au service du progrès de ma communauté. »

Comme titre provisoire, sa thèse s’intitule Chemical Ecology of Contaminants in Subsistence Fish from the Traditional Territory of an Indigenous Community in Canada.

L’écologie chimique est l’étude des interactions, à médiation chimique, entre les organismes vivants.

« En substance, l’écologie chimique que nous mesurerons est celle des poissons de deux lacs près de la Première Nation Wahnapitae : le lac Kukagami et le lac Wanapitei, explique-t-elle. Nombreux sont les peuples des Premières Nations, y compris ceux des réserves situées dans le Grand Sudbury, qui dépendent de la pêche vivrière. Nous devons donc nous efforcer de mieux comprendre dans quelle mesure la consommation de poisson à proximité de chez nous est sans risque. »

Parmi les éléments à mesurer dans les échantillons halieutiques figurent le mercure et le sélénium, les chercheurs devant également étudier les muscles, le foie et l’intestin grêle des poissons pour être en mesure d’en tirer des conclusions.

« Il est vraiment génial de pouvoir étudier les taux de contaminants dans chacun de ces organes de poisson, dit-elle. Nous espérons être à mesure de tirer des conclusions d’ordre comparatif sachant que les peuples autochtones ont l’habitude de consommer ces trois organes. Bien entendu, il ne s’agit pas d’organes de tous les poissons, mais de ceux d’espèces particulières comme le brochet et le corégone. Dans le cas du corégone, par exemple, les peuples autochtones mangeraient le muscle, le foie et l’intestin grêle. » En effet, dans certaines cultures autochtones, on attribue une signification spirituelle et symbolique différente aux diverses parties du poisson, lesquelles sont censées avoir une valeur nutritionnelle différente.

Pour une chercheuse qui estime qu’il est essentiel de mener des travaux de recherche au sein de la collectivité et qui se dit fière de participer à une étude dont le potentiel est tel qu’elle pourrait s’étendre à d’autres régions et à d’autres collectivités autochtones, le jeu en vaut la chandelle. « Cette étude s’apparente à une grande responsabilité et est captivante, et j’ai bénéficié jusqu’ici du soutien de toutes les personnes concernées, y compris mes professeurs, d’un soutien inestimable. »

Taylor Nicholls mène son étude sous la supervision du John Gunn (Ph.D.), directeur du Centre pour la vitalité des lacs Vale et titulaire d’une Chaire de recherche du Canada de niveau 2 en systèmes aquatiques stressés, et de Gretchen Lescord, Ph.D., membre du personnel de la Wildlife Conservation Society Canada et professeure associée au Centre sur la vitalité des lacs Vale, et compte également parmi ses collaborateurs, Brian Laird, Ph.D. (Université de Waterloo) et Sara Lehman (Première Nation Wahnapitae). 

« La Première Nation Wahnapitae est une petite communauté ojibwée située dans le bassin minier de Sudbury. C’est là que Taylor, par sa passion à rétablir l’équilibre de nos lacs et de nos cours d’eau et son engagement à poursuivre des études supérieures, s’est épanouie tout en forgeant une voie dont pourront s’inspirer les jeunes de notre communauté, a indiqué Sara Lehman, coordonnatrice environnementale de la Première Nation Wahnapitae. Ses travaux actuels jetteront des bases importantes de projets d’étude sur les déterminants de la santé et de l’avenir de notre communauté. Elle est un magnifique exemple de jeune membre de la Première Nation Wahnapitae qui fait un travail remarquable au sein de sa communauté. »

« Ce projet conjoint a d’importantes répercussions, tant pour la pêche que pour les sciences environnementales, par exemple, mais ce que j’ai appris personnellement de plus précieux à ce stade a trait à la manière dont nous pouvons mieux nous associer à une communauté autochtone pour élaborer en commun des projets de recherche significatifs, a indiqué Gretchen Lescord. Taylor m’a aidé à le faire au nom de la Première Nation Wahnapitae. Et, déjà, elle se montre tellement enthousiaste à l’égard de son projet. J’ai hâte de voir où son travail nous mènera et tout ce que nous apprendrons en cours de route. »

Tous les collaborateurs du projet reconnaissent que la Ville du Grand Sudbury est située sur les terres ancestrales des Atikameksheng Anishnawbek, dont les terres ancestrales de la Première Nation Wahnapitae.
 

Les nouveaux panneaux trilingues à la Laurentienne reflètent la première langue parlée sur ce territoire

Les nouveaux panneaux trilingues à la Laurentienne reflètent la première langue parlée sur ce territoire

Anglais, français et anishinaabemowin sur tout le campus

Le 26 août 2019 -- Aani. Des personnes qui parlent anishinaabemowin ont donné une nouvelle apparence à la Laurentienne au cours de l’été en assurant la traduction pour les nouveaux panneaux trilingues installés partout sur le campus. À compter de ce semestre, tous les membres de notre communauté seront accueillis par des panneaux en anglais, en français et en anishinaabemowin, la langue du territoire sur lequel la Laurentienne est située.

Nous désirons remercier Mme Mary Anne Corbière qui a travaillé assidument sur cette initiative, et qui s’efforce de consolider la présence de l’anishinaabemowin depuis 25 ans. À titre de membre du corps professoral du Programme des études autochtones à l’Université de Sudbury, elle continue de jouer un rôle clé dans la revitalisation de la langue. Nous désirons aussi remercier M. Dominic et Mme Brenda Beaudry de Akinomaagewin Consulting, ainsi que Mme Isadore Toulouse. Mme Carole Perreault a assuré la logistique cruciale de l’initiative. Les gardiens du savoir des nations autochtones sont essentiels pour assurer la vitalité de l’anishinaabemowin. Nous ne pourrons jamais leur témoigner assez notre reconnaissance.

Tous les membres de la communauté de l’Université Laurentienne s’emploient à honorer le Traité Robinson-Huron, une entente vieille de 169 ans qui établit les relations entre les peuples autochtones et allochtones de ce territoire. Notre établissement se trouve sur le territoire anishinaabe, particulièrement celui des Atikameksheng Anishnawbek. Nous rendons également hommage à la Première Nation de Wahnapitae. Notre université est fière d’honorer le traité en paroles et en actes.

Le changement de signalisation fait partie de notre Plan stratégique, Imagine 2023, qui vise à faire de notre université l’école de choix pour les étudiants du Nord, francophones et autochtones du monde entier.

 

CITATIONS

« Étant donné que l’Université Laurentienne se trouve sur le territoire des Atikameksheng Anishnawbek, je suis ravie de savoir que l’histoire et la langue du peuple Anishnawbek sont reconnues dans toute l’Université grâce aux panneaux trilingues. » - Valerie Richer, chef des Atikameksheng Anishinawbek

« Nous sommes fiers de notre nouvelle signalisation. Notre mandat triculturel est toujours en tête de nos priorités, et le fait de bien le représenter sur l’ensemble de notre campus est une étape importante. La promotion de l’utilisation et de l’apprentissage de l’anishinaabemowin est une priorité définie dans notre Plan stratégique, et nous continuerons de l’appuyer. » - Robert Haché, recteur et vice-chancelier de l’Université Laurentienne

« Il est réconfortant pour notre Première Nation de voir la langue anishnaabemowin reconnue et utilisée à l’Université Laurentienne. J’ai non seulement reçu des commentaires positifs des membres de la Première Nation de Wahnapitae, mais aussi d’autres Premières Nations. » - Larry Roque, chef de la Première Nation Wahnapitae