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Une famille de réfugiés est le modèle de la réussite universitaire

Les Alzahran se réjouissent du premier de plusieurs membres de la famille à recevoir un grade de l’Université Laurentienne

Le 1er juin 2022, Mustafa Alzahran a traversé la scène de l’Auditorium Fraser après avoir obtenu un baccalauréat en sciences (B.Sc.) en kinésiologie à l’Université Laurentienne.

« Le recteur et vice-chancelier, Robert Haché, m’a remis mon diplôme, tout le monde applaudissait, puis mon père, à voix très forte, s’est exclamé « en voilà un de quatre », et le recteur lui a répondu en levant le pouce. »

La formule « un de quatre », lancée en pareille occasion par le père de Mustafa, Abdulhakim Alzahran, évoquait la fierté que ressentent les Alzahran en ayant vu (pour le moment) quatre de ses enfants inscrits à la Laurentienne. La famille Alzahran se compose du père (Abdulhakim), de la mère (Khitam) et de sept enfants. De l’aîné au plus jeune, il y a Mohamed, Mustafa, Ahmad, Rida, Nour, Hanan et Rama. Heureux d’avoir terminé ses études, Mustafa est en effet le premier à le faire et ses frères, Mohamed et Ahmad, et sa sœur, Rida, poursuivent actuellement leurs études à la Laurentienne. Comme lui, Mohamed et Rida sont tous deux en kinésiologie, et Ahmad est en génie mécanique.

Les fiers parents, Abdulhakim et Khitam Alzahran, aux côtés de leur fils Mustafa Alzahran lors de la cérémonie de remise des diplômes de l’Université Laurentienne en juin 2022.

La famille Alzahran a connu beaucoup d’adversité. Installée au Canada en provenance du Liban, où elle a résidé de 2013 à 2016, et auparavant en Syrie, elle désirait se rendre dans un pays où les enfants pourraient être à l’abri de la discrimination systémique et de la guerre incessante. Le Canada est devenu un choix possible, car il pouvait offrir aux enfants la possibilité de poursuivre des études postsecondaires. « C’était pour moi et ma femme notre objectif pendant tout ce temps, a déclaré Abdulhakim. Nous attachons une grande importance aux études et nous voulions que nos enfants s’instruisent. »

À leur arrivée au Canada, le 6 janvier 2016, les Alzahran ont été chaleureusement accueillis à l’aéroport. Malgré les nombreux défis qui les attendaient, ils ont évoqué avec émotion la bonté des habitants du Grand Sudbury, en particulier des membres de l’Église unie de Capreol qui les ont aidés à s’installer dans la région. « Ils étaient tous très gentils et bienveillants, se souvient Khitam. Ils étaient nos éducateurs et ils nous ont beaucoup aidés et cela a beaucoup facilité les choses. » « Venir vivre au Canada est le fruit d’un long processus, un travail de longue haleine à propos duquel j’étais enthousiaste, a indiqué Mustafa, et je n’avais pas peur. C’était, pour moi, une nouvelle expérience. » 

Nouvellement arrivée au Canada, la famille Alzahran avait un défi particulièrement difficile à relever : une énorme barrière linguistique. « Personne d’autre que Mustafa ne parlait anglais, a souligné Khitam. Toute la famille dépendait de lui et nous comptions sur lui pour nous servir d’interprète. » « En Syrie, j’étais le meilleur de ma classe, a indiqué Mustafa, mais cela ne s’est pas traduit directement ici, car j’ai dû mieux apprendre la langue, la maîtriser. » Et fait notable, il ne lui a pas fallu longtemps pour se distinguer dans les rangs des meilleurs élèves de la Confederation Secondary School. Ses frères et sœurs ont aussi excellé dans leurs études.

Évoquant son expérience à la Laurentienne, Mustafa dit y avoir trouvé une communauté bien accueillante, un milieu où il « se sentait tout à fait chez lui », l’un des faits saillants de son parcours d’étudiant en kinésiologie ayant consisté à participer au programme annuel d’écoles de plein air, c’est-à-dire à acquérir par l’expérience les compétences en expédition et survie en milieu sauvage comme le canotage, le portage, la technique/préparation du feu, la cuisine de camp et le montage d’un abri ou d’une tente. « Les écoles de plein air étaient un excellent cadre d’apprentissage en ce qu’elles ont permis aux étudiants de mieux se connaître et elles m’ont vraiment rapproché de mes camarades de classe, a précisé Mustafa, qui a également évoqué avec émotion les relations solides qu’il a pu établir avec ses professeurs. À la Laurentienne, il était loin de moi de penser que j’étais une simple matricule. Les professeurs voulaient nous voir réussir, ils avaient la volonté de nous aider, et cela se voyait. » Les frères et la sœur de Mustafa, qui sont également étudiants à la Laurentienne, ont aussi ressenti cet esprit de communauté à l’Université comme en fait foi Mohammed qui est responsable des finances du Conseil étudiant en kinésiologie et en sciences de la santé.

Mue par cet esprit de solidarité, la famille Alzahran a beaucoup redonné à la collectivité de Sudbury ce qu’elle en a reçu. « Le Canada, et plus particulièrement Sudbury, nous a donné une nouvelle vie. J’estime qu’il est de mon devoir, de celui de mes frères et sœurs et de mes parents de rendre la pareille de la meilleure façon qui soit. » Dès l’éclosion de la pandémie, Mohamed s’est associé à des étudiants de l’Université EMNO pour obtenir du matériel et en faire don afin que des masques puissent être confectionnés pour les travailleurs de première ligne et les patients dans 24 communautés du nord de l’Ontario. À lui seul, Mohamed a cousu 900 masques artisanaux. Mustafa s’est porté volontaire auprès d’Horizon Santé-Nord, à raison de près de 300 heures, au service de la Fondation NEO pour enfants, notamment en tant qu’informateur-orienteur. Mustafa et Mohamed sont tous deux bénévoles auprès de l’Ambulance Saint-Jean.

Abdulhakim, camionneur, et Khitam, étudiante et bientôt aide-éducatrice de la petite enfance, sont très reconnaissants aux communautés de Sudbury et de la Laurentienne. « Mes enfants, dit-elle, travaillent assidument, et j’espère qu’ils pourront atteindre leurs objectifs. »  « Nous sommes fiers, a indiqué Abdulhakim, que nos enfants étudient à la Laurentienne. » « J’ai tellement appris [et] je ne serais pas la personne que je suis aujourd’hui si ce n’était pas du fait que j’ai étudié à la Laurentienne, a déclaré Mustafa. C’est une université extraordinaire. »

Dans un avenir prévisible, la famille Alzahran entend rester à Sudbury. Mustafa prépare actuellement une maîtrise en santé publique dans le domaine de la santé autochtone à l’Université de Toronto et a l’intention de s’inscrire par la suite au programme de médecine à l’Université EMNO. « Je sais ce que je veux faire, a déclaré Mustafa, et j’attendrai mes objectifs. Je n’ai besoin qu’un peu de temps. »

Il est certain que la famille Alzahran aura toujours une incidence positive sur les communautés de Sudbury et de la Laurentienne comme en font foi sa persévérance à vises les plus hauts sommets et sa volonté à rendre service aux autres. Mohammad, Ahmad et Rida recevront au cours des prochaines années leur grade de la Laurentienne et pour Nour, Hanan et Rama, les possibilités sont infinies.