« On ne naît pas Franco-Ontarien — on le devient, » explique le sociologue M. Roger Bernard.
En l’honneur du Jour des Franco-Ontariens, la Laurentienne a demandé aux membres de la communauté de lui parler d’un moment dans leur cheminement où ils sont « devenus Franco-Ontariens ».
Six d’entre eux s’expliquent.
Alexandre Noël de Tilly
Étudiant de 4e année, Faculté des sciences, de génie et d’architecture
« Il est facile de s’imbiber de l’enthousiasme qui entoure la culture franco-ontarienne, une communauté fière et vibrante. Il est parfois plus difficile, toutefois, de pouvoir s’y intégrer d’une manière permanente. Pour certains, nous identifier comme Franco-Ontarien est un dilemme en fonction de notre famille, de notre origine ou de notre compétence linguistique. Souvent, cette intégration nécessite une épiphanie, un moment de réalisation.
Dans mon cas, mon moment est vif dans ma tête : être entouré de fiers jeunes francophones qui viennent de toutes sortes de milieux aux Jeux franco-ontariens de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO). Dans ces moments, des centaines de Franco-Ontariens étaient unis par deux facteurs simples : notre langue et notre province.
Une chose est devenue claire pour moi, si tu vis un aspect de ta vie en français, que tu as vécu en Ontario et que tu le désires : tu es un Franco-Ontarien. »
Hemliss Konan
Étudiante de 3e année, Faculté des arts
« Dans le cadre d’un cours de français à l’Université Laurentienne, j’ai dû participer à des activités qui font la promotion de la culture francophone.
Entre regarder des films lors du festival international de films “Cinéfest” au Silvercity, aller voir des pièces de théâtre au Théâtre du Nouvel-Ontario et participer moi-même à une pièce de théâtre, je suis encore plus “tomber amoureuse” de la langue française et de la francophonie.
Étant d’origine ivoirienne, j’ai passé dix-neuf ans de ma vie dans mon pays, où j’ai baigné dans la langue française qui est la langue officielle. Venir m’installer au Canada et en particulier en Ontario en tant que francophone pour mes études m’a fait découvrir la culture franco-ontarienne. Assister et participer à toutes ces activités m’ont d’abord fait prendre conscience de la force et de la grandeur de la communauté franco-ontarienne et ensuite m’ont incitée à valoriser ma langue et à en être fière.
Je ne suis pas franco-ontarienne parce que je suis une francophone en Ontario, mais je suis devenue franco-ontarienne parce que j’ai à cœur de porter haut les couleurs de ce drapeau et de représenter dignement ses valeurs. »
Samuel Bénard-Barry
Étudiant de 3 année, Faculté de la santé
« Je suis né dans une famille avec une mère francophone et un père anglophone, toutefois, ma mère exigeait le français à la maison lorsqu’on se parlait.
Depuis la maternelle, j’ai fréquenté l’école en français. Tout au long de mon cheminement scolaire, les enseignants encourageaient l’utilisation du français à l’école et nous rappelaient toujours d’être fiers de notre langue. À ce jeune âge, je ne comprenais pas pourquoi il était si important de toujours parler le français, que ce soit à la maison ou à l’école. Je dirais que ce n’est qu’au secondaire que j’ai finalement compris l’importance d’être fier Franco-Ontarien. J’observais autour de moi plein de gens perdre leur langue et quitter pour étudier en anglais.
Une expérience qui me tient à cœur est ma première célébration du drapeau franco-ontarien — faire partie de la communauté unie a eu tout un impact.
Pour moi, devenir Franco-Ontarien est le moment où j’ai ressenti la fierté de m’affirmer comme Franco-Ontarien. Mon identité est plus que la langue, c’est également la culture et l’histoire. »
Nicole Dubuc-Charbonneau
Gestionnaire, Consortium national de formation en santé - Volet Université Laurentienne
« Il est difficile pour moi de réfléchir à un moment précis auquel je suis “devenue” franco-ontarienne puisque les moments se multiplient avec le temps, mais mes premiers souvenirs d’avoir ressenti cette cohésion avec une culture riche et vibrante datent depuis ma jeune enfance.
Rassemblés autour d’un feu de camp lors de réunions de famille - cousins, cousines, “ma tantes” et “mon oncles” qui chantaient avec tellement d’enthousiasme des chansons à répondre et grand-maman et grand-papa qui semblaient emballés par la richesse de transmettre leur langue, leurs valeurs et leur culture à la prochaine génération.
Je réfléchis souvent à ces moments, quand je chante maintenant avec mes trois petites filles à nouveau autour d’un feu de camp, chantant les mêmes chansons de ma jeunesse.
Ce qui est de plus riche dans tout ça, c’est que comme la culture, mon identité franco-ontarienne continue aussi à évoluer. Je peux maintenant ajouter à ces souvenirs “franco-ontariens” les célébrations du 25 septembre et la joie que ressentent mes enfants d’année en année à célébrer avec leurs amis et leur famille portant fièrement le vert et blanc. »
Amélia Melançon
Étudiante de 2e année, Faculté de la santé
« En tant que Franco-Ontarienne résiliente, j’ai dû surmonter plusieurs défis. Je suis Chinoise d’origine, adoptée à l’âge de 8 mois par des parents franco-ontariens et élevée dans une petite ville située au nord de l’Ontario.
Je suis d’accord avec la citation du sociologue Roger Bernard. Je ne suis pas née Franco-Ontarienne, mais j’en suis devenue une, en apprenant, en parlant et en vivant en français. Pour moi, il est important de préserver ma langue et ma culture.
En effet, en soins infirmiers, mes professeurs mettent souvent l’accent sur l’importance d’être bilingue en milieu de soins en santé. Sachant qu’il y a un bon pourcentage de la population vieillissante qui ne comprend que le français (et que lorsqu’on est malade, il est réconfortant de pouvoir s’exprimer dans sa langue maternelle) c’est une mission pour moi de pratiquer l’offre active.
Enfin, je crois que la diversité culturelle canadienne est une richesse pour chaque Canadien. Chaque jour, il faut être fier de notre culture franco-ontarienne en la pratiquant. Aujourd’hui, c’est notre journée spéciale, c’est notre fête, la fête des Franco-Ontariens. Profitons de cette journée pour célébrer notre culture. Soyons fiers d’être franco-ontariens en continuant à hisser notre drapeau haut dans le ciel. »
Michelle O'Bonsawin
Ancienne de la Laurentienne et juge de la Cour supérieure de justice
Je suis une fière abénakise et franco-ontarienne. Il est très important pour moi que toutes les personnes francophones aient accès à la justice en français. Je me suis souvent fait dire par des personnes très sages, « si que nous n’exerçons pas nos droits comme francophones, nous allons les perdre. » Je suis ce dicton dans ma vie quotidienne. »