Lors de l’ouverture de la première ligne ferroviaire du Canada en 1836, personne n’a pris le temps de réfléchir à l’impact des trains sur la faune.
Près de 200 ans plus tard, nous nous concertons pour comprendre cet effet important.
Kyle Vincent fait partie d’un groupe de l’Université Laurentienne qui a entrepris une étude sans précédent de l’impact du chemin de fer sur l’écologie. Un des éléments qui distingue cette étude est qu’elle découle de conversations avec des membres des Premières Nations de Shawanaga et de Magnetawan et Mme Jesse Popp, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en science environnementale autochtone à l’Université de Guelph, et professeure associée à l’Université Laurentienne.
Le fait que l’étude ait été lancée par les communautés des Premières Nations est ce qui a largement séduit Kyle.
« Notre méthodologie consistait en partie à nous entretenir avec des membres des deux communautés pour recueillir leurs préoccupations et observations concernant les interactions entre le chemin de fer et la faune, explique-t-il. Nous avons jumelé ces connaissances autochtones à des approches scientifiques occidentales comme des levés et des caméras ferroviaires pour mieux comprendre les interactions de la faune avec les chemins de fer en nous basant sur les préoccupations des membres des communautés. »
« C’est réellement l’aspect fondamental de cette étude : exploiter les forces des deux systèmes de connaissances, les connaissances autochtones et la science occidentale, de manière respectueuse et responsable. »
Après l’obtention d’un baccalauréat en biologie à l’Université Nipissing à North Bay (Ontario), l’appel de la nature du nord de l’Ontario l’a amené sur le campus de la Laurentienne, tout comme l’occasion de travailler avec Mme Popp et Mme Jacqueline Litzgus, professeure à la Faculté des sciences, de génie et d’architecture à la Laurentienne.
« Mme Litzgus est une chercheuse très respectée dans le domaine de l’écologie des tortues, explique Kyle qui s’est toujours intéressé aux espèces en péril, spécialement les tortues. Ici en Ontario, les huit espèces de tortues sont classées dans les espèces en péril au niveau fédéral ou provincial. Les amphibiens et les reptiles font partie des groupes taxonomiques les plus menacés dans le monde. »
« Elles sont déjà confrontées à d’autres menaces comme la perte d’habitat et la mortalité routière, et nous voulons vraiment savoir si le chemin de fer aggrave la situation de ces populations. »
L’étude a montré que 87 % des animaux morts sur les voies ferrées sont des reptiles et des amphibiens comme des grenouilles et des tortues, dont beaucoup sont considérés comme des espèces en péril. C’est beaucoup… et ce chiffre n’aurait pas été établi sans la collaboration des communautés des Premières Nations, de l’Université Laurentienne, de l’Université de Guelph et des chemins de fer.
N’étant pas autochtone, Kyle a découvert l’avantage de regarder le monde dans l’optique autochtone et de la science occidentale.
« J’ai fait des études en sciences biologiques occidentales où on apprend à penser d’une certaine façon et à utiliser la méthode scientifique. Cette étude m’a ouvert les yeux sur la valeur des autres systèmes de connaissances et l’importance de regarder les choses d’une façon dont je n’aurais jamais imaginé l’existence. »
« Je n’oublierai jamais le travail avec des communautés des Premières Nations et l’influence de mes superviseuses à la Laurentienne. »
La thèse de Kyle Vincent, « WEAVING INDIGENOUS KNOWLEDGE AND WESTERN SCIENCE TO INVESTIGATE THE IMPACTS OF RAILWAYS ON WILDLIFE » a déjà été soulignée lors du Symposium sur la recherche aux cycles supérieurs de l’Université Laurentienne.