Les effets du syndrome d’alcoolisme fœtal (SAF) durent toute la vie. Mais en essayant de le prévenir, est-ce que les campagnes de messages et d’images aident réellement à réduire la quantité d’alcool consommée durant la grossesse?
C’est ce que Taylor Watkins, M.A. Interdisciplinary Health, a décidé de déterminer.
Sa thèse s’intitule Supporting Healthy Pregnancies: Understanding Pregnant Women and New Mothers’ Perspectives Regarding Fetal Alcohol Spectrum Disorder Campaigns to Inform Effective and Non-Stigmatizing Prevention Approaches in Northeastern Ontario.
« Nous essayons d’éliminer la stigmatisation qui entoure les campagnes actuelles de prévention du syndrome d’alcoolisme fœtal et de créer une campagne non stigmatisante pour le nord-est de l’Ontario en particulier, explique Taylor. Un grand nombre de campagnes actuelles de prévention du SAF font appel à des émotions négatives, comme la peur, la culpabilité et la honte, pour encourager les femmes à s’abstenir de consommer de l’alcool pendant la grossesse. Mais cela fonctionne-t-il vraiment? »
« Bien des facteurs amènent une personne à consommer de l’alcool, cela peut être l’environnement familial, l’influence du partenaire, la toxicomanie; cela va bien au-delà de la simple observation d’une femme enceinte qui consomme de l’alcool et du jugement qui en découle. »
Taylor se concentre sur le nord de l’Ontario pour une bonne raison. Étant née et élevée à Sudbury, la Laurentienne était un choix naturel pour ses études postsecondaires. Le programme, les possibilités et le petit campus lui ont plu immédiatement. Au cours de ses études ici depuis cinq ans, elle a suivi des cours et bénéficié d’encouragements profonds à chaque étape de son parcours.
« Ma passion pour la recherche sur le SAF est née quand est venu le temps de préparer mon mémoire de premier cycle. J’ai compris que, en poursuivant mes recherches aux cycles supérieurs, je pourrais satisfaire ma passion pour les questions de santé publique, le travail avec des personnes ayant une déficience développementale et la promotion de la santé publique en général. Des sujets qui me tiennent à cœur. »
Le soutien et les encouragements de ses superviseures, Mme Kelly Harding, directrice de l’administration de la recherche au Canada FASD Research Network, et Mme Shelley Watson, spécialiste de l’enseignement et de l’apprentissage et professeure émérite à la Laurentienne, ont cimenté la décision de Taylor.
« Mon étude suit principalement les femmes enceintes et les nouvelles mères jusqu’à un an après l’accouchement et consiste à recueillir leurs opinions et commentaires francs sur les campagnes actuelles de prévention du SAF. Nous voulons leur donner la possibilité de dire ce qui ferait une vraie différence dans leur vie et leur prise de décision. »
Un des grands défis de l’étude de Taylor? La nature du SAF lui-même.
« La symptomatologie du SAF varie grandement d’une personne à l’autre et il peut donc être difficile à diagnostiquer. Des études montrent aussi que, en raison des services limités de diagnostic et de la rareté d’initiatives efficaces de prévention dans les communautés rurales, éloignées et du Nord, beaucoup de cas de SAF ne sont tout simplement pas diagnostiqués. Il est donc difficile d’avoir une image générale de la situation, ce qui évidemment est essentiel pour la traiter efficacement. »
« À ma connaissance, il n’existe que deux articles, un en 2008 et un autre en 2017, précisant que le SAF est un problème croissant dans les communautés rurales, éloignées et du Nord, y compris du nord de l’Ontario. »
« Aucun contexte n’appuie toutefois cette déclaration, et c’est là que j’entre en jeu en essayant de combler ce manque d’informations. »
Taylor Watkins a reçu l’approbation du comité d’éthique et recueille actuellement des données pour son étude tout en envisageant de préparer un doctorat.