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Pleins feux sur les diplômés : Nabina Sharma

Un pont entre les cultures et une avancée de la recherche en santé.

30 octobre 2024 - Le 2 novembre, Nabina Sharma décrochera un doctorat à l’Université Laurentienne, marquant ainsi une étape importante dans son parcours du Népal au Canada, et sa volonté de faire progresser en faveur des peuples autochtones les soins de santé adaptés à leur culture.

Arrivée au Canada en 2016, elle a amorcé sa carrière universitaire en tant qu’assistante de recherche au Centre de recherche en santé dans les milieux ruraux et du nord, sous le mentorat de Jennifer Walker (Ph.D.), professeure et éminente chercheuse autochtone. Nabina, qui détient un baccalauréat et une maîtrise en santé publique du Népal, a commencé son travail de recherche en adaptant l’Outil d’évaluation cognitive autochtone canadienne (ECAC), mis au point par la Pre Walker, dans le contexte des populations autochtones népalaises.

Au cours de sa première année au programme de doctorat en santé rurale et du nord, son parcours universitaire a pris un tournant transformateur. Sa relation avec sa superviseure, Mme Walker, et un cours facultatif sur la santé et le bien-être autochtones ont en effet fait éclore en elle le désir d’en apprendre plus sur le fait autochtone.

Elle s’est immergée dans la culture autochtone, se rendant très souvent au Centre autochtone de partage et d’apprentissage et nouant le dialogue avec les aînés des communautés locales. « Je me suis sentie vulnérable, dit-elle en ce qui concerne son expérience d’apprentissage, mais j’ai également éprouvé un profond sentiment d’appartenance. »

Au fil de ses études, elle a pris conscience d’une lacune importante dans le diagnostic de la démence chez les populations népalaises et de l’importance de s’y prendre de manière pertinente et adaptée au contexte culturel, et s’est attachée à y adapter l’outil d’ECAC. Lorsque la pandémie de la COVID-19 s’est déclarée, elle n’a pas été en mesure de se rendre au Népal pour y mener ses travaux de recherche. Cela l’a toutefois incitée à faire porter ses travaux sur les soins à la démence chez les populations autochtones et à poser les fondements d’un outil d’évaluation fonctionnelle de la démence adapté à la culture autochtone en travaillant directement avec les collectivités locales et les professionnels de la santé.

À titre de chercheuse débutante, elle a été stagiaire au Consortium canadien en neurodégénérescence associée au vieillissement, un réseau regroupant plus de 300 chercheurs et cliniciens du Canada travaillant sur la démence et les maladies neurodégénératives. Elle est également membre de deux réseaux de recherche, à savoir l’International Indigenous Dementia Research Network (IIDRN) et du Community-Based Indigenous Cognitive Health Network (CICHN).

« La démence, dit-elle, s’accompagne de défis uniques qui exigent des approches sensibles à la culture. » Elle explique que ses travaux visent à remédier aux complexités du quotidien chez les autochtones atteints de démence, reconnaissant que les outils occidentaux actuels de soins de santé ne saisissent pas toujours les nuances culturelles.

Durant ses travaux, Nabina a collaboré avec le Maamwesying North Shore Community Health Services, un organisme local de santé autochtone qui offre des services primaires et thérapeutiques. Cette collaboration lui a permis d’entreprendre un examen du champ d’application et de mobiliser les professionnels de la santé pour s’assurer que la recherche tenait bien compte des besoins des collectivités autochtones. « Mes travaux de recherche s’intéressent à la personne dans sa globalité, souligne-t-elle, car ils tiennent compte de la santé et de l’environnement selon une approche holistique et relationnelle. »

En préparation à la cérémonie de remise des diplômes, elle évoque le soutien inestimable dont elle a bénéficié des membres du corps professoral de la Laurentienne. « Mes professeurs au programme de santé rurale et du nord m’ont encouragée et ce soutien a joué un rôle déterminant dans mon cheminement. »

Bien qu’elle ait dû s’écarter de sa vision initiale, elle est fière de savoir que ses recherches doctorales de longue haleine ont servi de préliminaires essentiels aux efforts entrepris en vue de développer des soins de santé culturellement adaptés. Elle entend poursuivre ses travaux sur la démence et la santé cérébrale chez les populations autochtones et sud-asiatiques en collaborant avec des chercheurs canadiens et étrangers et en affinant les outils d’évaluation adaptés à la culture des populations visées.

À l’approche de la cérémonie qui aura lieu le 2 novembre, Nabina trépigne d’impatience à l’idée d’y assister en présence de ses parents, sachant que ce grand moment consacre non seulement ses réussites universitaires, mais aussi son engagement à engendrer des changements notables dans le domaine de la santé publique. Son travail illustre en quoi une recherche respectueuse des cultures est importante, sans parler de ses retombées bénéfiques potentielles sur des collectivités dans le monde entier.