(15 novembre 2022) - Aussi fascinante que soit l’exploration de l’espace aux quatre coins du monde, la recherche qui contribue à faire mieux comprendre cette étendue mystérieuse et hors du commun, y compris les moyens d’assurer la sécurité des astronautes dans ce milieu, est un champ d’investigation à la fine pointe du progrès.
Les travaux de recherche de Michel (Mike) Lapointe, doctorant en sciences biomoléculaires de l’Université Laurentienne, s’intéressent à « The anhydrobiotic radiation response in yeast » et visent à répondre aux questions sur les effets biologiques des radiations, un problème de santé potentiel lié aux vols spatiaux habités et à d’autres expositions professionnelles.
Sudburois et fier de l’être, Michel Lapointe est diplômé du Collège Notre-Dame (2013). Il a choisi d’étudier à la Laurentienne où il a obtenu un baccalauréat ès sciences en physique biomédicale (2017), et une maîtrise en physique avec spécialisation en physique médicale (2020). « Poursuivre mes études à la Laurentienne était un choix tout à fait logique, dit-il. J’adore faire de la recherche et la science des radiations m’intéresse depuis que j’ai commencé mes études de premier cycle. »
Souhaitant étudier l’incidence des radiations sur les systèmes biologiques et en particulier les effets des radiations spatiales sur les astronautes, M. Lapointe travaille étroitement aux côtés de ses co-superviseurs, Christopher Thome (Ph.D.) et Douglas Boreham (Ph.D.), de Sujeenthar Tharmalingam, membre du Comité de direction, et de Taylor Laframboise, technicien de laboratoire, tous affiliés à la Faculté de médecine, l’EMNO.
Pour ce faire, M. Lapointe et son équipe font usage de la même technologie à base de levure que celle utilisée par les chercheurs du Centre de recherche Ames de la NASA en menant l’expérience BioSentinel dans laquelle des échantillons de levure desséchés (séchés) ont servi de détecteurs vivants de radiation. Alors que l’équipe de la NASA emploie ce modèle pour étudier les effets biologiques des radiations dans l’espace lointain, M. Lapointe et son équipe s’emploient, en laboratoire, à caractériser pleinement la réponse aux radiations observées sous ce modèle. Et comme les mécanismes de réparation des dommages dus aux radiations sont presque identiques à ceux qu’utilisent les humains, la levure est donc un substitut idéal.
« La levure séchée est toujours vivante, explique M. Lapointe. C’est l’une de ses particularités vraiment géniales. Une fois séchée, elle est très robuste. Les échantillons en question ne se soucient pas vraiment de la température, même des températures extrêmement froides que l’on trouve dans l’espace. Ils n’ont pas besoin d’oxygène, de nutriments ou d’eau. »
Cette semaine, le satellite BioSentinel CubeSat abritant les échantillons de levure de la NASA sera lancé dans l’espace. « Les travaux de recherche en cours ont pour objet de faire mieux comprendre ce qu’est le milieu radiologique dans l’espace et ses effets sur les systèmes biologiques. Cette mission se déroule dans l’espace lointain, entre 30 et 50 millions de kilomètres de la Terre. L’équipe de la NASA et nous, en tant que collaborateurs, menons nos travaux pour déterminer quels types de dommages, s’il en est, résultent de l’exposition aux radiations dans l’espace lointain et, de là, mieux orienter les futurs vols spatiaux avec équipage. »
Le satellite intègre un système autonome programmé en vue de réhydrater les échantillons de levure une fois dans l’espace et de recueillir des données sur les effets des radiations sur ces échantillons. « En se basant sur la vitesse à laquelle change la couleur du colorant servant à réhydrater la levure, souligne M. Lapointe, nous serons en mesure de déduire combien d’entre elles sont encore vivantes et combien sont mortes des suites des radiations. »
Le Centre de recherche Ames de la NASA n’est pas le seul partenaire de recherche. Y participent également les Laboratoires nucléaires canadiens et TRIUMF aux côtés de bien d’autres bailleurs de fonds comme le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, Mitacs, Bruce Power, l’Agence spatiale canadienne et l’Institut d’innovation nucléaire. Autant dire que le financement de cette recherche est très important.
« Nous sommes très enthousiastes au sujet de cette étude, a déclaré M. Lapointe, et de ses répercussions. » Il a en outre souligné que SNOLAB, une installation scientifique de renommée mondiale, a aussi, apporté sa contribution à son étude. La raison en est que ses travaux portent également sur les effets des sources naturelles des radiations, comme le rayonnement cosmique solaire et galactique, sur les organismes vivants. En milieu souterrain, M. Lapointe a découvert une particularité intéressante de la levure quant à son comportement en l’absence de rayonnement de fond naturel : elle a plus tendance à mourir lorsqu’elle est réexposée au rayonnement de fond après avoir été sous terre. Cette découverte inattendue montre que des recherches approfondies sont nécessaires.
« Le fait de participer à cette étude qui met en jeu des collaborations aussi importantes est une expérience très enrichissante, a déclaré M. Lapointe. La recherche m’intéresse grandement et je veux continuer à en faire toute ma vie. »
Nous sommes impatients de suivre le reste de son parcours universitaire et de découvrir les résultats de ses recherches de pointe.