Rompu à l’art de tisser des histoires humaines en narrations sociopolitiques complexes, M. Webb fait de l’histoire plus qu’un simple sujet d’étude, puisqu’il y voit une panoplie de vécus humains que les étudiants ne peuvent s’empêcher d’explorer. Parmi ses nombreux cours figurent des cours d’histoire générale et des études approfondies portant sur les premiers temps de la Révolution française. Son approche pédagogique, en replaçant les événements historiques dans le cadre de récits intemporels de révolutions, de contre-révolutions et de bouleversements, interpelle les étudiants. « Les histoires de vie humaine les accrochent vraiment, dit-il, et les aident à contextualiser les questions complexes de manière compréhensible. »
Alors qu’il souligne l’importance de bonnes capacités de rédaction et de pensée critique pour tous les étudiants, il encourage un dialogue plus poussé en classe afin qu’ils apprennent à se garder de tirer des conclusions hâtives sur l’histoire. « Je veux que les étudiants puissent creuser le sens profond du passé, qu’ils réfléchissent vraiment aux moteurs de certains choix et qu’ils aillent au-delà de la surface en cherchant à comprendre le contexte qui a conduit à de grands événements historiques. »
Pour favoriser ce dialogue, il soulève des questions comme : « Y a-t-il dans la dynamique religion-horreur un sens plus profond? » M. Webb, qui s’intéresse avant tout à l’histoire des religions et qui, à plus forte raison, explique pourquoi la religion et l’horreur suscitent tant d’intérêt dans la culture populaire est d’avis que le phénomène remonte loin, à savoir à une branche de la théologie appelée « théodicée », qui s’attaque à la question suivante : si Dieu est tout-puissant, pourquoi le mal existe-t-il? Cette question est profondément ancrée dans les enseignements religieux et la morale.
Il rappelle comment certains des revivalistes (personnes se trouvant à la tête d’un réveil religieux), qu’il étudie, ont usé de la terreur religieuse pour faire régner la peur au sein des assemblées. L’une des figures notables en la matière est James Caughey, un revivaliste américain réputé pour ses prédications animées et à forte charge émotionnelle. « Il allait de ville en ville, explique le professeur, exploitant la peur de l’enfer et du diable pour effrayer les gens et les faire entrer dans l’église. »
À l’automne 2024 sortiront en salles trois films d’horreur, dont deux à thème religieux. Le film « Heretic » retrace l’histoire de deux jeunes femmes évangélistes qui se font piéger dans un jeu d’esprit sinistre au domicile d’un homme étrange. Ce dernier, incarné par Hugh Grant, défie leur dévotion en disant ce qui suit. « C’est un choix simple, mais on ne doit pas le faire à la légère, le choix étant alors une simple question de foi ou de mécréance ». Le film se nourrit des thèmes communs de l’horreur religieuse présents à la fois dans l’histoire et les récits modernes.
« Je trouve fascinant comment ces histoires remettent en question notre compréhension de la foi et de la moralité, dit M. Webb. Le film « Heretic » ressemble aux revivalistes, car leur objectif commun est de remettre en question les croyances. La religion est une épreuve de foi, de moralité, de croyance et de choix. Les revivalistes mettaient à l’épreuve les croyances en menaçant que leurs choix actuels détermineraient non seulement leur vie, mais aussi leur vie après la mort. Dans ce film, on met à l’épreuve la dévotion des femmes à leur credo dans cette vie. Je suppose qu’on nous racontera au sujet de l’hérétique une histoire humaine poignante qui l’a conduit à son état actuel d’hérésie. »
Les études de M. Webb nous rappellent, et cela est essentiel, que l’histoire n’est pas simplement une cascade d’événements, mais une riche mosaïque de vécus humains qui façonnent notre présent et donc notre avenir. Comblant le fossé entre les récits historiques et contemporains, il amène les étudiants non seulement à mieux comprendre ce qu’est l’histoire, mais aussi à se familiariser aux complexités intemporelles que revêtent la nature humaine, la moralité et l’attrait pour la narration.