(16 février 2023) - On peut affirmer sans crainte que les effets de la vie chère, qu’il s’agisse de la hausse du prix de l’essence ou des produits alimentaires, se font sentir chez la plupart des consommateurs et que, lorsque le taux d’inflation est élevé, nous en subissons tous les conséquences.
On peut aussi affirmer sans crainte que Louis-Philippe Rochon, professeur titulaire d’économie à l’Université Laurentienne, en sait long sur les défis que l’inflation fait peser sur l’économie et les consommateurs. Invité dernièrement par le directeur du Comité des politiques et de la mise en œuvre des Nations unies, il abordera le 22 février, en tant que conférencier principal lors d’un événement des Nations unies sur les politiques de développement, à New York, le thème « Inflation et développement : Quelques réflexions critiques sur les défis actuels de l’inflation ».
« C’est un honneur d’avoir reçu cette invitation, indique M. Rochon, et je suis très enthousiaste à l’idée de me rendre à New York où je parlerai de l’inflation, en particulier de l’approche des banques centrales à l’égard de l’inflation, c’est-à-dire de leur réaction à l’inflation qui consiste à augmenter les taux d’intérêt. Il ne fait aucun doute que cette approche a des conséquences. »
Expert dans son domaine, M. Rochon est membre du corps professoral de l’Université Laurentienne depuis plus de dix-neuf ans, réviseur de près de quarante livres, rédacteur en chef de la revue Review of Political Economy et éditeur fondateur de la Review of Keynesian Economics. Il est également directeur du Monetary Policy Institute, un institut virtuel international qui s’attache, par ses travaux (publications, webinaires, ateliers et conférences), à mettre en lumière la politique des banques centrales et leur politique monétaire, travaux qui tiennent compte, entre autres facteurs influents, des préjugés sociaux, dont les préjugés en matière de genre et de race, ainsi que des partis pris relatifs au carbone et qui sous-tendent la politique monétaire.
« Les taux d’intérêt, lorsqu’on les modifie, intègrent un parti pris en matière de classe, de genre et de carbone, explique M. Rochon. Et nous devons nous demander dans quelles conditions il est opportun de relever les taux d’intérêt. Je soutiens que la lutte contre l’inflation se fait sur le dos des travailleurs et que ce sont les travailleurs qui en paient le prix. »
Démystifiant le concept d’inflation, M. Rochon abordera également les politiques monétaires, en particulier la question de savoir comment elles influent sur la répartition des revenus des travailleurs. « La politique monétaire, d’après ce que l’on prétend, fonctionne comme suit : les hausses des taux d’intérêt ralentissent l’activité économique et, ce faisant, devraient décourager les consommateurs d’acheter et faire baisser les prix. Selon ce modèle, l’inflation résulte d’une demande excessive de biens et de services. Il faut donc ralentir cette demande, mais le problème est que l’inflation telle qu’elle existe aujourd’hui n’est pas induite par cette demande. De ce fait, elle entraîne le chômage et, éventuellement, une récession. En cela, elle fait peser la lutte contre l’inflation sur le dos des travailleurs. L’austérité budgétaire est une attaque contre la classe moyenne. »
M. Rochon émet l’hypothèse que d’autres forces motrices de l’inflation doivent être examinées, laissant entrevoir des facteurs comme les goulets d’étranglement (les marchandises ne pouvant être acheminées à destination, une réalité plus marquée en raison de la COVID-19), la guerre en Ukraine (qui a eu des répercussions sur les prix des marchandises comme le pétrole, le blé et la farine) et les motivations croissantes des entreprises à augmenter leurs bénéfices. Il ne fait aucun doute que l’inflation est un sujet d’actualité complexe et brûlant.
« Tout aussi passionnant est le fait que je suis invité, en avril, à intervenir à la conférence des Nations unies sur le financement du développement, à laquelle participeront des chefs d’État et des lauréats du prix Nobel. Il s’agit là d’un grand honneur, indique M. Rochon. Je m’estime très chanceux et je suis très reconnaissant d’avoir reçu ces invitations. »
Tout en souhaitant que ses communications soient bien accueillies, M. Rochon espère également que, en participant à ces événements des Nations Unies, il pourra constituer un groupe de recherche sur l’inflation-conflit qui, selon lui, « serait bénéfique à toutes les parties concernées ». En cela, il ne sera pas à sa première collaboration. Il a en effet travaillé avec des universitaires du monde entier, notamment dans des pays comme la France, l’Italie, le Mexique, le Brésil, la Pologne et l’Australie, en tant que professeur invité. Il a également donné des conférences dans les pays suivants : Kyrgyzstan, Suisse, Hongrie, Argentine, Chili, Équateur, Chine, Afrique du Sud, Colombie, Danemark, Pérou, Espagne, États-Unis et Angleterre.
Au nombre des marques de distinction qu’a reçues M. Rochon figurent des subventions du Conseil de recherches en sciences humaines, de la Fondation Mott et de la Fondation Ford.