« On ne quitte jamais la famille; on est toujours lié par les rêves, les connaissances et le vécu. On marche ensemble. La Laurentienne et le Nord sont ma famille et font partie de mon cercle. Ensemble, nous faisons face à l’avenir à titre d’amis familiaux qui guérissent en communauté dans le cercle. »
Je suis une femme crie omushkego du Nord. Il peut avoir beaucoup de défis à affronter en venant d’une collectivité éloignée. J’ai témoigné des forces et de la résilience de ma communauté et des effets du traumatisme intergénérationnel. Je voulais aider, mais surtout, voulais créer pour les gens une communauté en santé. Reconnaissant le besoin d’une formation, je me suis inscrite au Collège Northern pour préparer un diplôme de service social et ai tout de suite commencé à travailler dans des programmes résidentiels et de familles d’accueil, surtout auprès d’enfants et de familles autochtones. En peu de temps, je me suis rendu compte que ma formation bien intentionnée ne me permettait pas de faire le nécessaire. Il me fallait quelque chose de plus, mais j’ignorais de quoi il s’agissait.
Dans cette optique, j’ai demandé l’admission aux programmes d’English et d’Indigenous Social Work à l’Université Laurentienne. Jusque- là, ma formation s’est fondée sur une méthodologie et des perspectives occidentales selon lesquelles les personnes sont des clients, sans égard à leurs liens communautaires et culturels. En arrivant à la Laurentienne, je ne savais pas qu’il y avait des différences culturelles entre le programme que j’avais suivi et celui que je suivrais.
J’ai eu un sentiment d’appartenance dès le premier contact avec le programme d’Indigenous Social Work. On ne présumait pas que j’allais m’y inscrire, mais plutôt, il y a eu une véritable discussion de mes aspirations et de ma volonté de servir la communauté. Je me suis inscrite au programme ce jour même.
Mon séjour à la Laurentienne a eu une incidence sur moi en tant que praticienne et personne en général. Le programme met l’accent sur les relations encourageantes, le renforcement holistique des personnes et l’autonomisation pour faciliter la guérison dans les communautés. Ces valeurs m’interpellaient; j’ai saisi la possibilité de faire partie d’une collectivité qui me préparerait à servir et à habiliter les personnes autochtones et à rehausser leur bien-être et l’endroit qu’ils considèrent comme leur chez eux.
À la Laurentienne, j’ai appris à être bien et à faire partie d’une communauté de guérison. J’ai appris les compétences de base en service social, à être curieuse et bienveillante, tout en considérant l’exercice de la profession d’une perspective circulaire n’ayant ni début ni fin. On m’a encouragée à avoir recours aux sources autochtones traditionnelles de connaissance et à mettre mes apprentissages en application dans mon travail. Les services sociaux aux Autochtones sont un exemple de travail social dans sa forme la plus pure. Imprégnés de culture, de traditions et de coutumes, ils sont fondés sur les relations et alignés sur les éléments connus dans les cercles autochtones comme l’abondance partagée et le respect réciproque des personnes, de la place et de la planète, aussi connus dans le monde occidental comme les déterminants sociaux de la santé.
Pour en arriver à une place de guérison et de service, j’ai dû continuer mon parcours d’apprentissage et découvrir des façons à guider les gens du traumatisme au bien-être. Pendant deux ans, j’ai préparé à l’Université de Toronto une maîtrise en service social (MSW) avec spécialisation en traumatisme et résilience autochtones. À l’heure actuelle, j’habite à Sudbury, travaille dans le Nord et parachève la première année d’études du doctorat en service social à l’Université de Toronto. Si ce n’était pas de la Laurentienne, aussi bien que de son engagement envers l’excellence en enseignement autochtone, mon histoire aurait peut-être été bien différente.
Aujourd’hui, ma vie est remplie et joyeuse. Je suis chargée de cours dans le programme de services sociaux pour les Autochtones à la Laurentienne et dans celui de MSW que j’ai suivi à l’Université de Toronto. Je suis aussi étudiante au doctorat en service social, mentor, mère, grand-mère et entrepreneure. L’amour, le respect, la réciprocité, la culture et les valeurs mondiales autochtones ont ancré ma vie et mon cheminement scolaire. Ma philosophie a toujours été d’aimer les gens – tous les gens – pour les inclure dans le cercle. Plus que jamais, je ressens, en tant que femme autochtone du Nord, qu’il est essentiel d’appuyer les programmes autochtones de l’Université Laurentienne afin de renforcer le cercle et assurer une guérison commune.
Les organismes de services sociaux et les établissements d’enseignement apprécient tout particulièrement les connaissances acquises par les diplômés de la Laurentienne et la façon dont ces derniers apportent des contributions positives à leur collectivité et partout dans le Nord. Les jeunes autochtones ont besoin d’un accès à une formation autochtone authentique, car elle constitue la voie menant à la guérison collective dans les communautés autochtones. Les personnes qui empruntent la voie partagée vers la vérité et la réconciliation doivent assurer que ces dernières ont accès et ont droit à une formation en service social qui est culturellement pertinente. En qualité de femme autochtone instruite, je suis au courant des incitations et des possibilités professionnelles qui s’ouvrent aux personnes qui quittent la région, mais je continue à m’investir dans l’éducation et mes responsabilités envers les collectivités autochtones du Nord. Miigwetch.