Vous êtes maintenant dans la zone de contenu principale

Quatre chercheurs émergents obtiennent des subventions développement Savoir

Body: 

Le 30 janvier 2019, le gouvernement du Canada a annoncé un important investissement dans la prochaine génération de chercheurs en sciences, ce qui inclue quatre subventions développement Savoir, du Conseil de recherche en sciences humaines (CRSH), obtenues en 2018 par quatre chercheurs émergents de l’Université Laurentienne. Les récipiendaires sont Émilie Pinard, Ph.D., Celeste Pedri-Spade, Ph.D., Isabelle Côté, Ph.D., et Serge Miville, Ph.D. Lisez les sommaires de leurs projets afin de découvrir sur quoi ils travailleront au cours des deux prochaines années !

 

Headshot du Dr. Émilie Pinard souriant Émilie Pinard, Ph.D. (École d'architecture McEwen)

Construire sur les traditions : savoir-faire et innovation dans l’architecture vernaculaire au Sénégal et en Guinée-Bissau

L’objectif principal de ce projet est d’étudier les savoir-faire et connaissances pratiques liées à la construction vernaculaire en Afrique de l’Ouest et leur contribution actuelle et potentielle pour la pratique et la recherche architecturales contemporaines.

L’importance croissante accordée au développement durable a induit, à l’échelle mondiale, un intérêt renouvelé pour l’utilisation de matériaux locaux et renouvelables. En plus d’être avantageuse du point de vue environnemental, cette approche constitue une réponse ingénieuse aux défis posés par le développement urbain rapide, la perte des savoir-faire traditionnels et la nécessité d’inclure des dimensions culturelles jusqu’à présent ignorées ou marginalisées dans le discours architectural dominant. Ces motivations trouvent résonance en Afrique de l’Ouest, où les travaux d’architectes et activistes de renom ont pavé la voie à un nombre important de projets s’appuyant sur l’adaptation de techniques de construction traditionnelles. Bien que ces projets soient reconnus (publications, prix, etc.) pour leur contribution sociale, incluant leur capacité à influencer ou transformer les pratiques de construction locales, il existe très peu d’information sur les impacts réels des innovations développées. Au-delà des techniques et des matériaux en question, il est nécessaire de se pencher sur la manière dont les savoir-faire et les connaissances liés à la conception et à la construction dans ces contextes sont hérités, transmis et adaptés.

La recherche contribuera à la compréhension des facteurs sociaux et culturels qui peuvent favoriser le succès et la durabilité d’une architecture qui emploie des matériaux locaux ou renouvelables. Elle encouragera ainsi une meilleure collaboration entre architectes, constructeurs et communautés dans la conception et la construction de projets valorisant ces matériaux. Les résultats de la recherche seront intégrés dans le programme de l’École d’architecture McEwen, ce qui contribuera à la sensibilisation et la formation de diplômés mieux outillés pour créer des milieux de vie culturellement riches et résilients.
 

 

Headshot du Dr. Celeste Pedri-Spade souriantCeleste Pedri-Spade, Ph.D. (École d'études sur le nord et les collectivités)

Ogichidaakwewag : Les vies et récits en photographies des femmes anishinabes du Nord

Encadré par des aînés anishinabekwewags, ce projet de recherche examinera les histoires et expériences vécues des femmes anishinabes dans leur territoire d’origine (près de Shabaqua, Kashabowie, lac des Mille Lacs, Raith, Shebandowan et Atikokan) en se fondant sur leurs photos personnelles prises entre 1900 et la fin des années 1960, environ.
Plus particulièrement, cette recherche approfondira les connaissances actuelles de trois façons. D’abord, elle documentera les vies et récits des femmes anishinabes en mettant l’accent sur les contributions qu’elles apportaient quotidiennement à leurs familles, à leur communauté et à la terre. Ensuite, elle fera avancer l’intégration de théories et de méthodes autochtones féministes, décoloniales, visuelles et fondées sur les arts afin de rehausser le savoir touchant le rôle qu’ont joués les photographes et récits dans la résistance continue des femmes anishinabes à la violence coloniale qui persiste. Enfin, la recherche proposera des moyens innovateurs et respectueux sur le plan de la culture de faire participer les collectivités aux photos et récits des femmes autochtones en assurant une aire d’exposition publique sécuritaire qui donne aux gens l’occasion de réfléchir aux éléments visuels et narratifs tout en y apportant leurs propres pensées et perspectives.

Ce projet s’insère dans les priorités du domaine de défi no 3 du CRSH : « En quoi les expériences de vie et les aspirations des peuples autochtones du Canada sont-elles essentielles pour bâtir un avenir commun prospère? » La recherche fait valoir les traces photographiques et les récits touchant les réalités vécues par les femmes autochtones, que l’on ignore souvent dans les états de colonisation comme le Canada. Un tel virage a une incidence positive sur les sociétés autochtones et allochtones, car les narrations orientent et structurent de façon implicite et explicite des valeurs et pratiques culturelles particulières touchant l’amélioration de la sécurité et du bien-être des femmes, des enfants et des personnes bispirituelles. D’ailleurs, le projet se rattache au mandat urgent que s’est confié l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées et pourrait aussi intéresser les universitaires/enseignants de plusieurs disciplines puisque l’un des appels à l’action de la CVR est de former les gens en matière d’histoire et de culture autochtones.
 

 

Portrait du Dr Isabelle Côté, souriante. Isabelle Côté, Ph.D. (École de travail social)

Développement d’outils méthodologiques et pratiques pour évaluer les pratiques d’intervention axées sur la sécurité et l’empowerment des femmes victimes de violence conjugale

Cette recherche vise le développement et la validation d’outils méthodologiques et pratiques qui permettront d’évaluer les pratiques axées sur la sécurité et l’empowerment en maison d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale. Elle est réalisée en partenariat avec le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale et la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes. S’appuyant d’une méthodologie quantitative et qualitative, l’étude en question est articulée autour de quatre objectifs : 1) Traduire, adapter et pré-tester le questionnaire “Measure of Victim Empowerment Related to Safety” (MOVERS) (Goodman et al., 2015); 2) Valider la version traduite et adaptée du questionnaire MOVERS; 3) Traduire et adapter le guide d’utilisation du MOVERS; 4) Développer un devis d’évaluation en partenariat avec des intervenantes en maison d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale.

Sur le plan des avantages sociaux et scientifiques, le projet permettra, d’une part, de rendre accessible en français et de développer de solides outils qui permettront d’évaluer rigoureusement les pratiques d’intervention axées sur la sécurité et l’empowerment des femmes victimes de violence conjugale. D’autre part, ces outils seront intégrés dans les maisons d’hébergement, afin d’améliorer les pratiques et contribuer à une meilleure protection des femmes et des enfants dans le contexte post-séparation. 

L’apport d’étudiantes de l’Université Laurentienne sera indispensable afin de mener l’étude à terme. À cet égard, une coordonnatrice et des assistantes se joindront au projet, où elles auront l’occasion d’approfondir leurs connaissances sur la problématique de la violence conjugale et l’intervention dans ce domaine, de développer de solides aptitudes en recherche et en rédaction, et d’accroître leurs habiletés de travail en équipe au sein d’un groupe qui favorise un partenariat selon les principes de la recherche-action et de la recherche féministe.
 

 

Serge Miville, Ph.D. (Département d'histoire et Chaire de recherche en histoire de l’Ontario français)

Souvenirs d’une crise : le conflit scolaire de Sturgeon Falls

Qu’est-ce qui transforme un conflit en un événement historique ? Entre 1968 et 1971, plusieurs francophones de Sturgeon Falls dans le nord-est de l’Ontario ont milité activement pour l’obtention d’une école secondaire de langue française dans ce qu’on appelle aujourd’hui la Crise scolaire de Sturgeon Falls. 

Malgré le fait que la crise soit reconnue comme un important moment historique pour l’Ontario français, plusieurs parents francophones ont refusé d’appuyer la revendication, et le gouvernement provincial a longtemps vu le conflit comme étant un simple désaccord entre un conseil scolaire et des contribuables. Pour eux, la « crise » n’a pas la même signification. 

Ce projet de recherche souhaite comprendre comment un événement se transforme, pour certains, en lieu de mémoire, alors qu’il disparaît dans l’oubli pour d’autres. En effectuant une enquête de terrain et dans les archives et en maniant les documents et les témoignages des acteurs de l’époque, ce projet cherche à mieux comprendre comment une minorité linguistique réussit à créer un lieu de mémoire et, surtout, comment s’articule la résistance à un tel récit. Elle permet de complexifier notre compréhension de la société franco-ontarienne dans toute sa diversité, et mieux connaître les rapports entre la minorité et l’État provincial, en plus de contribuer à la construction identitaire en milieu linguistique minoritaire.

Les étudiants de la Laurentienne profiteront ainsi d’une occasion unique de parfaire leurs compétences transversales qui saura bien les positionner dans les milieux académiques et professionnels en contribuant à la réalisation des recherches en adoptant des méthodes de recherches classiques en histoire (dépouillement de sources) à de nouvelles méthodes (entretiens oraux), en plus de communiquer les connaissances auprès d’un large public.