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Ashley Thomson ou 50 ans d’impact sur le profil de l’Université Laurentienne.

Regard sur la carrière remarquable de cet éminent bibliothécaire émérite.

(24 juillet 2025) - Dans l’écosystème de toute université, il y a peu d’espaces aussi essentiels à la poursuite du savoir et des découvertes que la bibliothèque. L’apprentissage y prend corps et, pendant près de 50 ans, M. Ashley Thomson, aujourd’hui bibliothécaire émérite, s’est trouvé au cœur de cette dynamique à la Laurentienne. Embauché en 1975 et à la retraite depuis 2021, son dévouement à titre de bibliothécaire a laissé sur des générations de membres de la population étudiante, du corps professoral et du personnel une influence immense et positive, laquelle se fait encore sentir au sein de la communauté. 

Ses liens avec la Laurentienne remontent à son adolescence, à Sudbury, bien avant qu’il ne soit à l’emploi de l’Université. « En 1960, année de sa fondation, et je m’en rappelle encore, je me promenais souvent sur la rue Elgin et voyais le cinéma Empire (aujourd’hui Grand) arborer la grande enseigne Laurentian University - Université Laurentienne. » À l’époque, cet emplacement au centre-ville servait de salle de conférence, le campus du chemin du lac Ramsey n’ayant pas encore été aménagé. 

En 1964, arrivé le temps de faire ses études universitaires, M. Thomson a « choisi » le Collège Victoria de l’Université de Toronto, alma mater de ses parents. Onze ans plus tard, il est devenu bibliothécaire à la Laurentienne, après l’avoir été à l’Université de la Saskatchewan, pendant trois années à l’issue d’une solide formation universitaire, un parcours qui l’a vu se diplômer en histoire (Université de Toronto, 1968) et en éducation (Université de Toronto, 1970), suivi d’une maîtrise en histoire (Université McMaster, 1969) et en bibliothéconomie (Université de Toronto, 1972). La bibliothèque se trouvait alors dans l’Édifice R.D-Parker, avant son déménagement, en 1990, à la Bibliothèque J.N.-Desmarais, son emplacement actuel.

« Mon travail m’a beaucoup passionné dès le début, dit-il. L’équité me passionnait également et, en 1975, je ne pensais pas que les bibliothécaires bénéficiaient d’un traitement équitable.  Alors, même si l’Association des professeurs de l’Université Laurentienne (APUL) n’était pas encore un syndicat .... j’ai convaincu ses membres d’appuyer les bibliothécaires qui cherchaient à améliorer leurs conditions de travail. »

Une victoire de la première heure : une parité partielle avec le corps professoral et un fauteuil pour bibliothécaires au Sénat de l’Université. Puis, en 1979, il a collaboré avec ses collègues à la syndicalisation (APUL). « À l’issue des négociations, nous [les bibliothécaires] avons acquis le statut de professeur à part entière, y compris la titularisation, a-t-il expliqué. Cette victoire était importante et signifiait que nous allions bénéficier du même traitement que les professeurs et des mêmes conditions de travail. » En effet, outre la permanence, M. Thomson a gravi les échelons avec brio, devenant bibliothécaire adjoint en 1987, puis bibliothécaire titulaire en 1995. En 2016, il a été honoré du Prix pour services émérites, décerné par l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université (ACPPU), distinction qui consacrait ses efforts dans ce sens, la Laurentienne étant devenue un modèle pour de nombreux bibliothécaires et archivistes universitaires canadiens qui cherchaient à améliorer leurs conditions de travail. 

Selon M. Thomson, les possibilités qui se sont offertes à lui au fil de sa carrière étaient des privilèges découlant de son statut de professeur. « Dès lors que les professeurs nous considéraient [les bibliothécaires] comme des pairs, nous avions des responsabilités à remplir et, pour ma part, je les prenais très au sérieux. » Ces responsabilités consistaient, entre autres, en des services professionnels, des activités de recherche, la gouvernance de l’Université et des services à la collectivité. 

En tant que bibliothécaire, il passait le plus clair de son temps auprès des étudiants (et des professeurs), les aidant à s’orienter dans la documentation de recherche. L’enseignement était toutefois sa première passion. « Donnez un poisson à un homme, et vous le nourrissez le temps d’une journée; apprenez-lui à pêcher et le voilà qui se nourrit à vie. » Toujours disposé à en faire plus, il disait à ses étudiants que ses cours s’accompagnaient d’une « garantie à vie », à savoir que, s’ils avaient besoin de quoi que ce soit de la bibliothèque, même après la remise de leur diplôme, ils pouvaient communiquer avec lui et il ferait de son mieux pour les aider. « Croyez-le ou non, dit-il, certains le font encore. » 

Prêtant main-forte aux efforts de recrutement de l’Université, M. Thomson a mis un point d’honneur à faire connaître aux élèves du secondaire du nord-est de l’Ontario les ressources de la bibliothèque. Et lorsque la Bibliothèque s’est mise intégralement en ligne, en ayant abandonné son catalogue sur fiches et index imprimés, il a collaboré avec l’équipe de la Technologie de l’information pour que les élèves puissent y accéder jusqu’à la fin de l’année scolaire.

Son activité d’érudit a fait de lui un coauteur ou un coéditeur de huit livres et de centaines de comptes rendus de lecture. La plupart de ces livres traitent de sujets à caractère local et régional, en particulier Sudbury: Rail Town to Regional Capital (Dundurn Press, 1993). Il a également approfondi ses compétences en français en collaborant avec des collègues francophones sur divers titres comme Bibliographie:  Histoire du nord-est de l’Ontario / Bibliography: History of North-Eastern Ontario (Société historique du Nouvel-Ontario, 1985) et The Bibliography of Northern Ontario / La bibliographie du nord de l’Ontario (Dundurn Press, 1994).   

En 1994, il a commencé à compiler la bibliographie annuelle sur Margaret Atwood, qu’il a poursuivie jusqu’en 2022. Ce projet monumental a incité la célèbre auteure canadienne à venir visiter le campus, à l’occasion de sa fête d’anniversaire, une célébration annuelle, un événement que M. Thomson était fier d’animer en tant que maître de cérémonie.

La gouvernance de l’Université, autre domaine où M. Thomson s’est fortement investi, l’a vu siéger au Sénat, régulièrement, dès 1979, où il a souvent recommandé des modifications aux règlements du Sénat. Par exemple, plaidant en faveur d’un fauteuil pour bibliothécaires, il a joué un rôle clé dans la modification du règlement traitant de la composition du Comité de la planification académique. De 2000 à 2021, et sans interruption, à l’exception d’une année sabbatique, il y a siégé en tant que membre et a été également orateur du Séant, de 2006 à 2018, ne manquant qu’une seule réunion au cours de cette période. L’an dernier, après avoir prêté main-forte à une autre modification du règlement, il s’est vu acclamé membre d’office sans droit de vote au Sénat, représentant les membres émérites du corps professoral. « Il semble que le Sénat est pour moi une passion, a déclaré M. Thomson, qui a par ailleurs siégé à bien d’autres comités relevant du Sénat et du Conseil des gouverneurs. »

Autre conviction, tributaire de sa qualité de membre du corps professoral, il lui importe de servir la collectivité. Ce principe a guidé ses actions lorsqu’il s’adressait aux écoles secondaires locales pour inciter les élèves à venir visiter le campus et consacrait des ouvrages à des sujets à caractère local et régional en tant qu’érudit. Son esprit de bénévole l’a également amené à intégrer (et à présider) divers conseils de direction bénévoles d’organisations comme la Northern Association of Baptist Churches, la Société d’aide à l’enfance et Centraide. Depuis sa retraite, il siège au Conseil de la Bibliothèque publique du Grand Sudbury, a assumé la présidence de la Popote roulante et fait office de secrétaire et de chargé de communication pour l’Association des universitaires retraités de l’Université Laurentienne.

Ses contributions lui ont valu des distinctions importantes. Outre le prix de l’ACPPU, il est également lauréat du Prix de bibliothéconomie universitaire (1997), décerné par la Confédération des associations de professeurs d’université de l’Ontario (1997), du prix, Personne âgée de l’année du Grand Sudbury (2018), et de la Médaille du souverain pour les bénévoles du gouverneur général (2019), entre autres.

Son parcours remarquable s’est caractérisé par sa passion constante pour le savoir, son engagement profond envers la collectivité et sa conviction inébranlable de faire bouger les choses dans un sens positif. Évoquant sa carrière, il se dit très reconnaissant à la Laurentienne des possibilités qu’elle lui a offertes. Il reconnaît également que sa carrière n’aurait pas pris forme sans sa foi religieuse profonde ou sans le soutien de sa femme et d’un grand nombre d’étudiants, de collègues et d’administrateurs remarquables. De la transformation du rôle des bibliothécaires à son service constant à la collectivité dans son ensemble, M. Thomson, par ses contributions, incarne à la fois l’esprit de l’Université Laurentienne et sa mission qui est de préparer au sein d’une communauté d’apprentissage bilingue et triculturelle, ouverte à tous, curieuse sur le plan intellectuel et en prise directe avec le monde extérieur, des leaders de demain. 

« Si c’était à refaire, dit-il, il ne me viendrait pas à l’idée d’aller étudier ailleurs. L’UL est la meilleure... et je parie que même mes parents seraient d’accord. »